A son retour à Korvosa, le petit groupe ne manque pas de remarquer que quelque chose cloche… Tout d’abord, les gardes sont absents aux portes de la ville. Ensuite, les rues, bien qu’animées, sont trop calmes pour cette heure de la journée; les gens semblent éviter de se croiser et traversent les rues en vitesse. Qu’est-ce qui a bien pu se passer en ville en une semaine ? C’est Brecht et Yori, restés chez eux, qui le leur apprendront : une épidémie s’est déclarée peu après leur départ. On a appelé la maladie le voile de sang, et elle a déjà fait plusieurs dizaines de victimes. Le bilan ne peut que s’alourdir ; les symptômes sont les mêmes que ceux que présentait Brienna, et le nombre de prêtres s’avère déjà insuffisant pour soigner tous les malades.
Par ailleurs, Yori leur apprend qu’Ishani Dhatri, le jeune prêtre d’Abadar rencontré à Fin-de-Piste, souhaite les rencontrer au Temple. Ils s’y rendent aussitôt… Pour trouver le bâtiment quasiment assiégé par une foule de malades toussant et pustuleux venus demander de l’aide au clergé. Les portes sont fermées, et gardées par des paladins d’Abadar armés d’arbalètes et de hallebardes, qui ne laissent passer que les marchands venus pour bénéficier des services bancaires et repoussent les malades, leur expliquant qu’il n’y a plus de soins disponibles.
Alors que le groupe traverse la foule pour atteindre le temple, un quidam remarque le symbole de Desna accroché au cou de Brynizril, et attrape cette dernière par le bras, l’implorant d’appeler sur lui la bénédiction de sa déesse. Bien sûr, d’autres malades se joignent bientôt à lui, et il faut toute la force de persuasion d’Orgian pour tirer la naine des griffes de la foule sans encombre. Ils montent les dernières marches, en vitesse, sous le regard désespéré des malheureux. Les gardes leur ouvrent la porte dès qu’ils mentionnent Ishani Dhatri.
Ce dernier leur explique rapidement les raisons de son invitation : le temple d’Abadar a besoin d’alliés pour venir à bout de la maladie. Les différents clergés de la ville ont été contactés, et l’Archibanquier lui-même négocie actuellement avec le temple d’Asmodée. Ishani, lui, a été chargé de coordonner les efforts du temple avec ceux de la garde. Ayant appris que le groupe était dans les petits papiers de la Maréchale, il voudrait simplement être introduit auprès d’elle. Et escorté jusqu’à la Citadelle si possible… La ville est plutôt dangereuse pour un prêtre en ce moment.
En chemin, il leur explique que le nombre de malades est particulièrement élevé parmi le clergé, et que jusqu’ici les sorts disponibles ont principalement servi à soigner les frères malades. Brecht explique alors leurs soupçons quant à l’origine de la maladie : un coffret de pièces de cuivres infectées volontairement, celui trouvé par Brienna… Si la monnaie est le vecteur de la maladie, pas étonnant que les fidèles d’Abadar soient parmi les plus touchés.
Quand ils arrivent à la Citadelle, ils découvrent la cour remplie de gardes. Ils attendent en fait un discours de leur Maréchale, qui est actuellement occupée à discuter avec un petit groupe de personnes habillées de cuir noir et une femme en armure lourde. La discussion terminée, elle se tourne vers ses hommes et commence son discours…
« Vous escorterez le docteur Davaulus et ses hommes lors de leur mission royale, partout où elle les conduira. De plus, vous devrez considérer tous les ordres des Vierges grises, le nouvel ordre de la Reine, comme s’ils étaient issus d’un officier supérieur de la garde de Korvosa ou de la Compagnie du Sable. Vous êtes la garde de Korvosa. Vous ne faillirez pas. Nous vivons des temps difficiles et la ville a besoin de ces médecins. Votre ville a besoin de vous. Vos chefs de patrouilles ont déjà reçu leurs ordres d’assignation. Vous pouvez disposer ! »
Tandis qu’elle se retire, les gardes forment des petits groupes, la plupart en maugréant. La maréchale elle-même ne semble pas d’excellente humeur. Ayant aperçu le groupe elle leur fait signe d’approcher, pour leur présenter le docteur Davaulus. Ce dernier explique, d'une voix calme et posée, être venu d’Egorian, au Chéliax, à la demande de la Reine. Il est en ville depuis deux jours et a commencé à réunir tous les apothicaires, herboristes et autres alchimistes pour organiser le combat contre la maladie. Il admet que ses plans sont encore un peu flous, mais avec le soutien de la garde de Korvosa, il espère pouvoir rapidement circonscrire la maladie en isolant les foyers pour rechercher ensuite un remède à celle-ci. Après leur avoir demandé leur soutien et leur aide, il remet au groupe un exemplaire de l’édit signé par la Reine, avant de rejoindre ses médecins dans la cour. Après avoir présenté Ishani à la Maréchale, ils les laissent régler les problèmes de coordination et repartent à Fin-de-Piste.
Brecht souhaite en effet avoir une nouvelle discussion avec Brienna. Il pense pouvoir aller chercher dans son esprit l’image de la boîte qu’elle a trouvée en jouant quelques jours plus tôt. La fillette accepte de se prêter au jeu, ce qui permet au psion de revivre, par son intermédiaire, la scène de la découverte, telle qu’elle s’en souvient, jusqu’au moment où elle jette le coffret vide dans les hautes herbes. Après une soirée agréable avec Tayce et ses enfants, ils passent la nuit sur place, afin d’être à pied d’œuvre au lever du soleil. Et en effet, le lendemain matin, après quelques minutes de recherche, ils retrouvent le coffret, à moitié enfoncé dans la vase. Sur ce dernier, Kresh perçoit une aura résiduelle de nécromancie ; le coffre n’est pas magique, mais a été soumis à un sort. Dans le double fond, ils trouvent un demi rat rongé par la maladie…
Ils vont donc faire part de leur découverte à la Maréchale, qui après les avoir écouté, leur demande de lui rendre un service que ses hommes, occupés à escorter les médecins de la ville, ne peuvent lui rendre. Elle a reçu des plaintes selon lesquelles, dans la vieille Korvosa, des charretiers entasserait les corps des victimes de la maladie dans l’allée du Râtelier plutôt que de les conduire à Grisaille comme il se doit. Si c’est vrai, il faut que cela cesse au plus vite !
Le groupe se rend donc à l’allée du Râtelier pour constater qu’effectivement, un tas de cadavres pourrit au soleil, pour le plus grand bonheur des rats du quartier. Kylian propose de se mettre en planque dans une maison voisine, pour prendre les coupables sur le fait la prochaine fois qu’ils viendront. La maison voisine du tas de cadavres semble justement vide. La porte n’est guère difficile à forcer. Il s’agit d’un magasin de jouets, sans doute abandonné depuis quelques semaines. Dans la pénombre de ce quartier aux rues étroites, l’endroit a quelque chose de vaguement effrayant. Des dizaines de poupées et de soldats de plomb aux yeux fixes, les queues des cerfs-volants qui pendent dans le chemin et cachent une partie des trésors oubliés là… Orgian retient se respiration, comme pour ne pas déranger les jouets endormis, alors qu’il traverse la pièce vers la porte du fond.
Celle-ci donne sur l’atelier. Le sol est couvert de copeaux de bois et de morceaux de tissus ; des petits bras de bois, des moules à métal, des robes minuscules traînent sur les différents établis. Le barde trébuche sur quelque chose… Un cercueil. Non quatre. Il y a quatre cercueils dans la pièce, et dans chacun repose un corps. Alors qu’il recule dans le magasin pour faire part de sa découverte à ses compagnons, les quatre corps se relèvent, et, vivement, se lancent à l’attaque…
Kylian et Yori s’avancent pour bloquer la porte et couvrir leurs amis, mais alors que Kresh vient de lancer une malédiction sur un de ses adversaires, ce dernier, d’une voix hypnotique, ordonne à Yori de se retourner contre ses camarades et de les éliminer. Aussitôt, le nain fait volte-face, en envoie un trait de feu au visage du sorcier. Kylian, lui, résiste à un envoutement similaire, mais son arme semble avoir du mal à entailler la chair de ses ennemis. Heureusement, Silas et Brecht font pleuvoir feu et sorts depuis la seconde ligne, tandis qu’Orgian et Brynizril renforcent leur alliés du mieux possible.
Leurs adversaires finiront par tomber, les uns après les autres, mais le combat a fait mal, et Brynizril doit faire appel à la clémence de Desna pour refermer les plaies de ses compagnons. A la fin du combat, il ne reste que de petits tas de cendres des créatures vaincues… Sans doute des vampiriens. Un examen complet de la pièce révèle un trou dans le mur, permettant d’accéder directement au tas de cadavres. Probablement une réserve de nourriture. L’ancien propriétaire de la boutique est également là, tout desséché dans un coin de la pièce et recouvert d’un drap. Et dans les cercueils, quelques pièces de monnaies frappées en Ustalav…
Peu de temps après le combat, un charretier arrive dans l’allée et s’arrête devant le tas de cadavre. Il semble troublé… Brecht s’approche de lui et entame la discussion ; l’homme se souvient effectivement d’avoir entassé les cadavres ici, parce qu’un homme au teint pâle et à l’accent étranger le lui avait demandé. Mais il ne comprend pas pourquoi il a obéi à cet ordre inepte… Le Shoanti lui dit de ne pas s’inquiéter, mais de faire ce qui doit être fait au plus vite pour que ce foyer d’infection disparaisse… Tandis qu’il s’exécute, le groupe repart vers la Citadelle pour faire son rapport sur cette affaire.