Après une semaine de voyage sous la pluie, je suis enfin arrivé à Ravengro. Juste à temps pour l’enterrement. Une poignée de personnes entouraient le cercueil du Professeur Lorrimor : sa fille, Kendra, et quelques notables de la ville, mais également des têtes plus connues : Gregori, le maître-chien de Père, mes frères Nicolaï et Yvan, et ma sœur, Sasha. Je n’ai d’ailleurs reconnu cette dernière qu’après l’enterrement, lorsque Kendra nous a invité chez elle. Elle avait 14 ans la dernière fois que je l'ai vue…
Etant les seuls amis du professeur présents, l’honneur de porter le cercueil jusqu’à la concession nous revenait, à mes frères, Gregori et moi. Alors que nous grimpions les allées brumeuses serpentant entre les tombes, nous sommes tombés nez-à-nez avec un groupe de villageois fort remontés, qui s’opposaient à ce qu’un « nécromancien » soit enterré dans « leur » cimetière. J’essayais de les calmer, invoquant l’égalité de tout mort face au regard de Pharasma, mais le meneur continuait à exciter ses camarades, agitant dangereusement son fléau à grain devant mon nez. Alors qu’il semblait clair que nous allions en venir « aux mains », Yvan sorti un couteau de sa manche et le projeta dans le ventre de l’homme qui s’apprêtait à me frapper.
Une courte bagarre s’ensuivit. Je faisais de mon mieux pour calmer les esprits, et mes efforts finirent par porter leurs fruits quand il devint évident que nous n’étions pas décidés à nous laisser reconduire dehors. Mais ce qui a surtout précipité la fin des hostilités fut l’arrivée du père Grimburrow, un vieil homme sévère et sec. C’est le responsable de l’église de Pharasma ici, et il semble que son autorité morale soit très respectée. C’est bien.
Après la cérémonie la plus orthodoxe à laquelle j’ai jamais assisté, nous nous retrouvions chez Kendra, qui nous avait invité à rester chez elle aussi longtemps que nous le souhaitions… Le temps de nous sécher et de nous changer, nous nous retrouvions en bas, presque en famille, à discuter du professeur avec sa fille. Il était mort une quinzaine de jours auparavant, écrasé par une gargouille alors qu’il explorait les ruines de l’ancienne prison, non loin de la ville.
Peu de temps après, le conseiller Hearthmount nous rejoignait, pour procéder à la lecture du testament. Bien sûr, le professeur léguait tous ses biens à sa fille. Tous, sauf une série de livres enfermés dans un coffre de sa chambre, dont le conseiller nous remit la clé, qu’il nous chargeait de remettre à ses collègues de l’Université de Lepidstadt. Mais auparavant, il voulait que nous passions un mois auprès de sa fille pour nous assurer qu’elle ne manquait de rien et qu’elle s’habituait à vire sans lui… Surprenant alors que la jeune fille devait approcher de son 25e anniversaire, mais soit… Qui suis-je pour commenter les dernières volontés d’un mort ?
Une fois le conseiller reparti, nous montions dans la chambre du professeur pour jeter un œil au contenu du coffre. Il contenait une série d’ouvrage qu’il était effectivement plus prudent de ne pas laisser trainer n’importe où, des livres traitant de cultes interdits, longuement annotés de cette écriture énergique que je connaissais bien. Nous y trouvions également son journal. Les dernières entrées laissaient entendre les raisons de son expédition dans l’ancienne prison…
Apparemment, Il suspectait l’activité d’une ancienne secte de nécromanciens, et semblait craindre qu’un grand mal ne menace Ravengro, tapi dans les murs abandonnés des vieilles ruines. Il parlait de fantômes aperçus lors de ses expéditions précédentes. La dernière entrée, datant de la veille de sa mort, laissait entendre qu’il était décidé à agir (Contre quoi ? Comment ?), même s’il n’était pas sûr d’être suffisamment préparé. Mmh. Voilà qui portait un nouvel éclairage sur sa mort.
En lisant le reste du journal en diagonal, nous avons trouvé quelques informations supplémentaires. Il semble que les personnes décédées lors de l’incendie de la vieille prison aient une quelconque importance dans cette affaire. Sans doute des histoires de morts-vivants n’ayant pas trouvé le repos après une mort violente. Classique. Il évoque d’ailleurs une cache de matériel contre ce genre de menace, créée dans le cimetière par des fidèles de Pharasma il y a bien longtemps.
L’heure avançant, Yvan et moi-même sommes partis au temple de la Dame pour préparer l’office et y assister. Mais nous avions une autre idée derrière la tête. Le père Grimburrow m’ayant refusé l’accès aux archives, mon frère s’y glissait en douce pendant que je distrayais les novices qui s’affairaient à préparer la cérémonie. Pharasma nous pardonnera, c’était pour la bonne cause. Il a juste eu le temps d’y trouver l’histoire (complète) de l’incendie de la prison, datant d’il y a une cinquantaine d’année, avant de revenir s’asseoir à côté de moi pour assister à l’office.
Nous avons terminé la soirée à l’auberge, avec Gregori, devant une assiette de poulet aux légumes et une pinte de bière. Quand nous sommes rentrés chez Kendra, Sasha et Nicolaï naviguaient dans une mer de livres ouverts et de parchemins…
Ce matin, Yvan et moi sommes retournés à l’office, toujours célébré avec autant de rigueur par le père Grimburrow, tandis que les autres allaient explorer la crypte secrète mentionnée par le journal de Petros. Au beau milieu de l’homélie, un paysan a fait irruption dans le temple en hurlant au sacrilège. Le père Grimburrow termina toutefois son sermon avant de daigner suivre le trouble-fête, qui nous emmena (à mon grand soulagement) vers le sud du village, où nous découvrîmes la statue édifiée en l’honneur des gardiens de prisons morts héroïquement lors de l’incendie aspergée de sang. Un grand « V » rouge barrait la plaque de cuivre reprenant les noms des héros… Je proposais au père Grimburrow de me charger du nettoyage tandis qu’il retournait terminer l’office avec les fidèles, espérant avoir par là l’occasion de repérer quelqu’un indice sur l’identité du coupable, mais je ne trouvais rien et mon frère non plus. Décidément, il faudra que l’on s’intéresse à cette prison sans tarder…
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