La barque des aventuriers
aborde l'île presque sans bruit. Cependant ils ont déjà été
repérés par un groupe de pauvres gens faméliques qui viennent leur
demander ce qu'ils apportent. Tout en leur lançant les paquets de
vivres emportés à leur intention, ils hissent l'embarcation sur la
terre ferme, puis quittent les lieux en hâte, pressés de trouver un
abri où terminer la nuit. La vieille ville est encore en plus
mauvais état que d'habitude. Presque une maison sur deux a été
pillée, volets et portes arrachées, des détritus et des corps sans
vie jonchent les rues étroites...
Ils se rendent finalement
à l'appartement de Brynizril, lequel est occupé par un ivrogne
inconnu, jeté dehors sans autre forme de procès. Ils apprendront
par le fils d'un voisin que l'homme est un fait un des soldats de
« l'Empereur », et qu'il risque de chercher à se venger
quand il aura déssaoulé... Menace qui ne semble pas émouvoir les
héros de la ville, qui envisagent de toute façon d'aller faire un
tour chez le dit Empereur pour en savoir plus sur ses méthodes.
C'est d'ailleurs ce
qu'ils font en premier le lendemain matin. La population est
méfiante, il semble que la mort peut venir de n'importe où depuis
quelques temps dans la vieille ville, et les langues sont difficiles
à dénouer. Sauf celles des enfants, comme l'a compris Orgian. C'est
ainsi qu'il apprend que l'Empereur est en fait Pilts Swatsel, acteur
renommé pour son mauvais goût et sa vulgarité, et propriétaire
des « Exécrables Exemplaires », réputé le pire théâtre
de la ville. Un lieu éminemment branché jusqu'à la mise en
quarantaine du quartier, il va sans dire.
Le quartier où Pilts a
établi son palais est gardé par de nombreux hommes en arme, qui
regardent la venue du groupe avec suspicion. Plusieurs barrages
coupent les routes, et les héros de la ville décident de remettre à
plus tard leur visite à l’empereur pour se concentrer sur l'objet
initial de leur venue sur l'île : Vencarlo.
Après avoir rhabillé un
fier orateur un peu dépassé par les événements, le groupe arrive
enfin à l'académie Orisini. Mais cette dernière à brûlé.
L'incendie semble récent ; le seul bâtiment encore debout est
la villa du maître au fond de la cour. Un petit tour à l'intérieur
s'impose... A part quelques livres de comptes ouverts dans le bureau,
aucune trace de vie récente. Au moment où les aventuriers se
lancent dans une fouille plus en détail, le feu des cheminées
s'anime soudain, embrasant en quelques instants le bâtiment tout
entier. Un piège ! Des silhouettes habillées de rouge et
portant un masque insectoïde se jettent sur eux, armées de lames
crantées : des assassins de la mante rouge.
Les héros de Korvosa
rendent coup pour coup tout en essayant de sortir de l'incendie avant
qu'il ne soit trop tard. Vu l'intensité des flammes, le bâtiment
risque de s'écrouler d'un instant à l'autre. Heureusement, les
mantes rouges sont trop peu nombreuses pour constituer un danger à
elles seules, et une fois l'effet de surprise passé, elles ont du
mal à lutter contre les coups de butoir dévastateurs de Kylian, les
malédictions de Kresh et les bombes de Silas. Au moment où ils sont
tués, les assassins disparaissent cependant dans un inquiétant
nuage de fumée rouge.
Les aventuriers sont
sortis à temps. Ils ont même le temps de commencer à organiser une
chaîne pour éteindre l'incendie et éviter qu'il se propage aux
bâtiments voisins les plus proches. Il est trop tard pour sauver ce
qu'il restait de l'académie ; après quelques minutes de lutte
contre les flammes, la maison de Vencarlo s'effondre sur elle-même.
Il faudra encore une demie-heure pour écarter tout danger.
Parmi les personnes qui
ont aidé à faire la chaîne, les aventuriers ont remarqué quelques
serviteurs de la maison Arkona en livrée. Ils se tournent vers eux
pour en savoir plus sur la position de la famille concernant les
événements récents. Glorio est toujours à la tête de la famille,
et est cloîtré sur l'île comme le reste de ses habitants. Il
s'efforce de conserver son influence sur la vieille ville et de
l'aider à tenir le coup, mais ses forces sont moins nombreuses que
les « révolutionnaires » de l'Empereur, qui gagnent
chaque jour du terrain. Il serait sans doute d'accord de rencontrer
les aventuriers vu leur réputation...
Tandis que ses compagnons
discutent avec les Arkonas, Orgian remarque un jeune homme qui lui
fait signe... Il lui faut quelques instants pour reconnaître Amin
Jalento. Lui-même n'a pas cru en sa chance lorsqu'il a reconnu ses
sauveurs, et a une histoire intéressante à leur raconter.
Le jeune homme est
terrifié. Il était à l'académie Orisini, où il prenait des cours
d'escrime comme beaucoup de jeunes gens de bonne famille, lorsque la
quarantaine fut déclarée. Bloqué sur l'île, il ne pouvait rentrer
chez lui, aussi Vencarlo lui proposa-t-il de le loger à l'académie
le temps que les choses se tassent. Il y a quelques jours les mantes
rouges ont fait irruption dans l'académie et l'ont incendié.
Vencarlo en mis trois sur le carreau avant de prendre la fuite, forcé
de reculer face au nombre. Amin a juste eu le temps de quitter le
bâtiment avant que les flammes ne bloquent les issues, et s'est
réfugié où ils pouvait depuis lors. Il n'a aucune idée d'où le
maître d'arme peut bien se trouver, mais pense connaître quelqu'un
qui doit le savoir : le peintre Salvatore Hurlement. Ce dernier
est venu à plusieurs reprises à l'académie pendant qu'Amin y
logeait, pour discuter avec Vencarlo. Amin connaît l'adresse du
peintre, mais craint de se rendre là-bas, sur le territoire de
l'Empereur. Après avoir noté l'adresse, Brecht emmène le jeune
homme dans son atelier et le confie à la communauté Shoantie, ce
qui ne semble le rassurer qu'à moitié.
La maison de Salvatore,
sur le docks, est calme mais pas vide. Quelqu'un attend à
l'intérieur. Alors que le groupe discute de la meilleur méthode
pour entrer et surprendre l'intrus -en supposant qu'il ne s'agisse
pas simplement de Hurlement lui-même- une elfe aux cheveux bleus
sort de la maison, souriante. Une chaîne cloutée est attachée à
sa ceinture, et son armure est couvertes de crochets. A son cou pend
un symbole sacré de Zon-Kuthon. « Bon, vous rentrez ou vous
préférez discuter dehors ? »
Après avoir un court instant envisagé d'affronter la jeune fille, les héros de Korvosa optent pour la diplomatie. L'elfe se nomme Laori Vaus et se présente effectivement comme prêtresse de Zon-Kuthon en mission en ville. Ses supérieurs ont remarqué que de nombreux artistes locaux produisaient des œuvres de grande qualité qui leur semblaient inspirées par leur divinité. Salvatore est de ceux-là. Malheureusement, tous ces artistes se sont suicidés ces dernières semaines. Tous sauf Salvatore, apparemment. Quand Laori est arrivée dans sa maison, l'artiste avait déjà disparu. D'après son enquête de voisinage, enlevé par les hommes de l'Empereur. Elle a fouillé l'atelier, et pense toutefois que, comme les autres artistes, Salvatore avait perdu l'inspiration depuis un petit moment. Quant on lui demande comment elle en sait autant sur les autres artistes alors qu'ils se sont suicidés, elle sort une demi-douzaine de crânes de son sac et répond qu'elle le leur à demandé, comme s'il s'agissait d'une évidence. Elle explique ensuite qu'elle aimerait discuter avec Hurlement de l'origine de son talent, mais que pour cela elle doit le récupérer chez l'empereur... Et qu'elle trouverait « plus sympa » d'aller rendre visite au « monarque » accompagnée.
Les aventuriers hésitent
cependant à faire confiance à une adepte du dieu de la douleur et
de l'envie, et encore plus à s'allier à elle, même temporairement.
Pour acheter leur confiance, elle leur montre un « truc qu'elle
a trouvé » près du lit de Salvatore : un morceau de
tissu d'un officier de la ville. Elle ne sait pas exactement ce que
ça fait là, mais elle est certaine que c'est important. Et ça
l'est sans nul doute, puisqu'Orgian identifie avec certitude le bout
de tissu comme un morceau de l'uniforme du Sénéchal de la ville...