Attention, risque de spoiler


Attention, risque de spoiler

Si vous comptez jouer les campagnes l'éveil du seigneur des runes [ESR], la malédiction du trône écarlate [MTE], le retour des ténèbres [RDT], Kingmaker [KMK] ou la couronne de charogne [CCH], je vous déconseille la lecture de ce blog. En effet, il contient principalement des comptes rendus de parties jouées dans le cadre de ces campagnes, et vous vous gâcheriez la surprise en le parcourant.

Dans l'éveil du seigneur des runes, que j'anime, je raconte les aventures d'un jeune groupe d'Eclaireurs mandatés par la cellule de Magnimar pour s'installer dans la petite ville de Pointesable et mettre à jour les secrets liés à cet endroit.

Dans la malédiction du trône écarlate, que j'anime également, je raconte les exploits d'un groupe de citoyens de Korvosa devenus les héros de la ville un peu par hasard suite aux événements qui agitèrent celle-ci après la mort du roi.

Dans le retour des ténèbres, que j'anime aussi, je raconte les péripéties de quelques aventuriers qui se sont rencontrés à Port-Enigme à l'occasion d'un tournoi de jeu de hasard.

Dans Kingmaker, que j'anime tout autant, je raconte les découvertes d'un groupe d'explorateurs envoyés par le Brévoy pour pacifier la Ceinture Verte dans le but d'y fonder une nation stable.

Dans la couronne de charogne, où je suis joueur, je raconte les aventures d'un petit groupe d'amis réunis par le décès d'un proche, le Professeur Lorrimar, sous forme d'un carnet de route tenu par Stephan Markov, mon personnage, jeune prêtre de Pharasma.

Bonne lecture !

22 nov. 2012

L’hospice de Saint-Caspérian [RDT]

La soirée avait commencé bizarrement au Gobelin Doré. Alors que les clients commençaient à s’installer aux tables de jeu, Milo, qui jouait avec ses couteaux, constata quelque chose de bizarre… Ils étaient soudainement devenus légèrement magnétiques. Tout comme, d’ailleurs, tous les objets métalliques des environs. Si la plupart des clients n’avaient rien remarqué, certains commençaient à murmurer. Milo ayant prévenu les autres membres du personnel pour qu’on donne l’ordre de fermer les tables de roulette, Cruaver Erelden et Quintus se mettent à la recherche de la source du désagrément… Mu par une soudaine intuition, Quitus se dirige vers la cour, pour jeter un œil au ciel. Comme il s’y attendait, la tâche est plus étendue qu’à l’accoutumée. Du reste, aux cris qu’il perçoit dans la rue, il semble que ce soit toute la ville qui soit aux prises avec ce phénomène magique inattendu. Il n’y a rien à faire qu’à attendre, et au bout d’une dizaine de minutes, les choses rentrent dans l’ordre. Si quelques clients, effrayés, ont quitté la salle de jeu, ils sont vite remplacés par de nouveaux joueurs.

Deux heures plus tard, la soirée bat son plein. De son perchoir, Cruaver a remarqué un homme, rentré il y a quelques minutes, qui semble faire fuir les autres clients. Les joueurs semblent éviter sa table, sauf ceux qu’il a invité à le rejoindre… Le demi-elfe est rejoint dans la zone de surveillance par Saul et les autres employés. Saul pointe du moignon l’homme en question.

« C’est Clegg Zincher, un des plus puissants seigneurs du crime de la ville. Je veux savoir ce qu’il vient faire ici. Mais attention, il ne faut pas que ça dégénère. Il ne fait que jouer, pas de bagarre ! »

Erelden et Quintus se joignent à la table de Zincher, qui semblait les attendre. Le gaillard est costaud et semble peu commode, et sûr de lui, même s’il ne porte pas d’armes. Milo, Norja et Cruaver sont en retrait, prêts à intervenir si nécessaire. Ca ne le sera pas. Zincher est venu pour jouer –mal, du reste– et rencontrer les nouveaux employés de Saul. Les jauger, en quelque sorte. Après une demi-heure de discussion, il quitte la table, laissant un généreux pourboire, puis salue l’assemblée avant de sortir de la salle.

La soirée se termine gentiment, jusqu’à ce que, peu avant la fermeture, un cri strident provenant de la cuisine ne secoue le Gobelin Doré. Un des marmitons vient de sortir de la réserve, il se tient la main droite. Très pâle, il a juste le temps de murmurer « un serpent… », avant de s’évanouir. Quintus se penche sur lui pour le soigner, tout en appelant les autres à la rescousse. Apprenant quel ennemi il faut combattre, Milo semble peu pressé d’en découdre. Heureusement, Erelden et Norja sont moins craintifs, et entreprennent de fouiller la réserve à la recherche de l’ophidien qu’ils trouvent rapidement, caché sous un panier renversé. L’animal acculé bondit vers Erelden, mais Norja, dans un réflexe fulgurant, le tranche en deux avant que ses mâchoires ne se referment. Le danger est écarté.

Accroché au panier dans lequel ils ont trouvé le serpent, un petit mot dit ceci : « Tu veux en perdre une autre Saul ? Fais tes bagages, quitte la ville, et tout ira bien ! » Sans doute un cadeau d’un des seigneurs du crime de la ville qui voit d’un mauvais œil le retour aux affaires d’un ancien concurrent… Une rapide enquête ne permettra pas de découvrir qui a amené le panier dans la réserve, et l’affaire sera classée sans suite pour permettre à tout le monde d’aller dormir.

Quelques jours plus tard, en fin d’après-midi, Larur, le comptable, rassemble l’équipe autour de lui. Quelqu’un est entré par effraction et a volé pour 100 pièces d’or de jetons. Ca s’est passé récemment, pendant qu’il allait aux cuisines. Une des fenêtres et la porte de la salle des comptes sont forcées. En inspectant les lieux, Milo trouve une petite broche en laiton. On dirait un symbole divin de Sarenrae, mais ce n’est pas tout à fait ça… Quelques recherches permettent au groupe d’identifier l’objet. La broche représente Saint-Caspérian, un disciple de la déesse du soleil. Ils ont appris qu’elle servait de symbole de ralliement à un groupe de tire-laine qui se planquent, dit-on, dans l’hospice portant le nom du saint… Un bâtiment construit il y a une cinquantaine d’années par un paladin de Sarenrae qui n’avait pas fait long feu dans la ville. Depuis, il sert toujours plus ou moins d’abri aux nécessiteux, mais est surtout connu pour être la cour des miracles d’un seigneur du crime mineur de Port-Enigme, Beltias Kreun, aussi appelé l’Indigent…

Quelques minutes plus tard, les agents de terrain du Gobelin Doré sont devant les portes du l’hospice. Un immeuble délabré, coincé entre la boutique miteuse d’un charron et une boulangerie, à mi-chemin d’une allée boueuse. Un clocher aux airs penchés s’élève à l’arrière du bâtiment et une demi-douzaine de fenêtres graisseuses, fissurées et fermées par des planches percent des murs qui devaient être blancs autrefois. Une petite enseigne pend au-dessus de la porte de chêne fatiguée : « Hospice de Saint-Caspérian, bienvenue à tous. » Le bruit d’une cloche fêlée s’élève du clocher alors que le groupe arrive à hauteur du bâtiment. Sans doute pour annoncer leur arrivée.

Des marches de granit mènent à une antichambre ouverte qui donne sur une porte à double battant. Elle est dotée de deux petites portes de chaque côté, toutes deux couvertes de graffitis. La porte sud soutient une enseigne qui dit « Asile de nuit : montez à l’étage et tournez à gauche », et l’autre porte une enseigne faite maison qui dit « Toutes les chambres sont occupées ». Les portes latérales sont toutes les deux bloquées.

Le rez-de-chaussée de l’Hospice, ancien lieu de culte, empeste la sueur, le vinaigre et la mauvaise soupe aux choux. Une quinzaine de miséreux occupent les lieux, assis dans un coin ou couchés sur un banc. Tous se retournent vers les nouveaux arrivants. Un colosse sans jambes couché sur un chariot ; une petite fille aux yeux rougis par les larmes, agrippée à sa poupée de chiffon ; un adolescent ébouriffé qui n’a d’yeux que pour les bourses garnies des nouveaux arrivants ; Une jeune femme à l’air fatigué, au visage couvert de traces de coups ; un vieillard vêtu uniquement d’un sac en toile, psalmodiant une histoire incompréhensible à propos de rédemption de l’âme et de voie à trouver ; d’autres encore… Et dans un coin, un homme âgé, portant la livrée des prêtres de Sarenrae la plus sale et la plus élimée que l’on ait jamais vue. Il titube, visiblement ivre. Il ne parvient à maintenir la station verticale que grâce au soutien d’un jeune homme, qui l’aide à se diriger vers le groupe.

Le père Padrick est incapable d’aligner deux mots, c’est donc Jhonas, son assistant, qui souhaitera la bienvenue aux nouveaux arrivants, tandis que le vieil homme s’affale sur un banc, où il s’endort sans tarder. Jhonas répond aux questions qui lui sont posées. Il essaie de maintenir les lieux leurs habitants dans un état acceptable, par amitié pour le père Padrick qui lui a sauvé la vie quand il était enfant. Malheureusement, le prêtre a été rattrapé par le démon de la boisson ; Jhonas lui-même n’a aucune vocation. Quand son ami se sera éteint, ce qui ne saurait tarder, il quittera les lieux pour aller tenter sa chance ailleurs. Il sait également que l’hospice est complet, mais ce n’est pas lui qui gère les admissions. S’il convient que tous les pauvres hères qui atterrissent ici ne sont pas des modèles de vertu, il réfute catégoriquement l’existence d’une organisation criminelle dans les murs de Saint-Caspérian. Et il n’a jamais vu de broche en laiton semblable à celle que lui montre Milo, même s’il reconnaît l’iconographie de la déesse du soleil. Du reste, puisque les portes qui mènent à l’étage depuis la rue sont fermées, il accepte de faire passer les nouveaux venus par sa chambre pour leur permettre d’y accéder.

Avant de monter, Cruaver voudrait cependant écouter l’histoire du prédicateur en sac de toile, qui prétend être un ange venu apporter la rédemption aux pécheurs, ce qui amène le groupe hors de l’hospice, en haut des collines voisines. Les choses dégénèrent lorsque Mika, le prédicateur, essaie de pousser le demi-elfe dans le vide, pour l’aider à trouver la voie… Et la trouve lui-même au terme d’une chute de vingt mètres le menant droit sur un rocher à fleur d’eau.

Retour à l’hospice donc, où après un passage rapide dans les chambres du père Padrick et de Jhonas, les associés de Saul se retrouvent dans les couloirs du premier étage, face à un « logeur » revêche et son chien à trois pattes. L’homme, de fort méchante humeur, leur répète à l’envi que toutes les chambres sont occupées et qu’ils n’ont rien à faire ici. Il ne prétend pas connaître de Beltias Kreun, mais ment assez mal à ce sujet, ce qui finit par pousser à bout Quintus, qui l’écarte virilement du chemin, pour se dégager un passage vers les chambres.

En quelques secondes, les couloirs de l’étage s’animent… Erelden et Milo, sont attaqués par le roquet à trois pattes, qui s’avère plus coriace qu’escompté. Quelqu’un a jeté quatre scorpions depuis la porte la plus proche avant de la refermer, tandis qu’au fond du couloir, un elfe borgne bande son arc et vise Norja, qui essaie d’écraser les arachnides qui tournent autour d’elle. Cruaver essaie de se ménager une ligne de mire pour lancer sorts et carreaux d’arbalète sur les ennemis visibles, en attendant que ceux qui se préparent bruyamment à entrer dans la mêlée dans les chambres voisines pointent le bout de leur nez.


Le groupe d’intervention du Gobelin Doré se trouve bientôt aux prises avec une demi-douzaine de malandrins, sans compter les deux scorpions qui restent – Norja ayant apparemment décidé de se spécialiser dans l’éradication de vermines venimeuses – et un demi-orque à la mine patibulaire. Après quelques secondes d’une mêlée fort confuse, le chien, l’elfe, les scorpions et la moitié des malandrins sont à terre, mais seuls Quintus et Milo sont encore en état de se battre, face à trois humains et un demi-orque blessé et énervé. Plus énervé que blessé, d’ailleurs.

Mais la chance –et Pharasma– sont avec eux. A moins que ce ne soit du talent. Ils parviennent a reprendre le dessus, en éliminant coup sur coup le demi-orque trop sur de lui, et deux de ses compagnons.

La victoire est à leur portée, lorsqu’un homme sort brusquement de la seule pièce restée fermée jusque là. Il porte deux rapides coups de dague avant de rompre le combat. Il fait ensuite face le temps de quelques passes d’arme, avant de tourner à nouveau talons et de dévaler les escaliers dans son dos, pour se retrouver face à une des portes barrées du rez-de-chaussée. Il esquive la plupart des coups qui lui sont portés, tout en essayant d’écarter la barre de bois qui bloque la sortie, et finit par arriver à ses fins. Il se précipite dans la rue, Quintus et Milo à bout de souffle à sa poursuite… Bientôt il disparaît dans la foule. Beltias Kreun vient de leur échapper.

Maintenant que les choses se sont calmées, il est temps de panser les plaies de leurs compagnons. Jhonas, alerté par les bruits du combat, est venu voir ce qui se passait et est horrifié. Bouche bée, bras ballants, il ne semble pas croire au spectacle qui s’offre à sa vue. Une fois les soins prodigués et les corps des malandrins assemblés, il est temps de passer à la fouille des chambres. Milo se charge d’organiser la manœuvre. Les jetons volés sont retrouvés dans un coffre de la chambre de Beltias, de même qu’une liasse de reconnaissances de dettes de petites valeurs et quelques autres objets de qualité variable. La fouille des autres chambres permet de rassembler un petit trésor de guerre, assez conséquent pour que personne ne regrette trop longtemps les quelques plaies récoltées lors de la récente bagarre contre les hommes de l’indigent.

C’est donc avec la satisfaction du devoir accompli que les hommes de main de Saul rentrent au Gobelin Doré, où Larur les accueille et les remercie avec enthousiasme.

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