Sachez que le porteur de cette charte est placé sous les ordres des Seigneurs des épées de Restov, qui agissent pour le plus grand bien et sous l’égide du régent du trône de l’Écaille de dragon, qu’il est autorisé à explorer la région sauvage que l’on appelle la Ceinture verte et à y voyager. Cette autorisation se limite à une zone de soixante kilomètres à l’est et à l’ouest du Comptoir commercial d’Oleg et de cent kilomètres au sud. Le porteur de cette charte devra lutter contre le banditisme et toute autre activité illégale qu’il rencontrera. Comme toujours, les bandits impénitents seront condamnés à mort, par l’épée ou par la corde. Le 24 de calistril, sous l’œil attentif du seigneur de Restov, dépositaire de l’autorité du seigneur Noleski Surtova, actuel régent du trône de l’Écaille de dragon.
Tels étaient les mots qui étaient écrits sur la charte portée par les six nouveaux venus au comptoir d’Oleg ce soir là. Du reste leur arrivée ne semblait pas enchanter le propriétaire des lieux… Heureusement, Svetlana, son épouse, avait fait de son mieux pour les accueillir et leur trouver un peu de place dans l’enceinte de l’ancien fort. C’est qu’elle avait quelque chose à leur demander. Elle savait que son époux n’en parlerait pas, par orgueil, mais il fallait que quelqu’un fasse quelque chose au sujet de ces bandits !
Depuis trois mois, en effet, un groupe de bandits venait au comptoir à intervalles réguliers et exigeait un lourd tribu en or et marchandises. La première fois, Oleg leur avait tenu tête ; il avait failli y perdre une main… Quant à Svetlana, elle avait échappé de peu à un sort horrible. Si ses calculs étaient justes, les bandits reviendraient demain. Il fallait profiter de la venue de ces gens venus de Restov pour mettre fin à leurs agissements. Peu importe qu’ils ne fussent pas les miliciens attendus, mais de simples cartographes, ils avaient l’air de savoir se défendre.
Il y avait d’abord Nathanaël, un magicien elfe aux manières charmantes. Il était arrivé le premier et n’avait quasiment pas quitté le feu des yeux de toute l’après midi. Il lui semblait trop bien habillé et trop jeune pour partir sur les routes ; mais il paraît que les elfes ne vieillissent pas, alors…
Ensuite était venu Yann. La longue épée qu’il portait dans le dos lui avait fait penser qu’il était un guerrier, mais elle s’était ensuite rendue compte que les larges bords de son chapeau cachaient des yeux d’un blanc laiteux… Après réflexion, elle s’était dit qu’il devait s’agir d’une sorte de juge ; il citait souvent Iomédae et Abadar et portait une balance accrochée à sa ceinture.
La troisième était une jeune humaine à la voix douce, Tabea. Une mignonne petite blonde qui lui aurait sans doute paru sans défense si elle ne portait pas avec assurance une rapière et une arbalète. Elle avait chanté près du feu après son arrivée, et Svetlana n’avait jamais rien entendu d’aussi charmant.
Plus tard dans l’après midi, ils avaient été rejoints par un gnome aux cheveux bleus. Elle n’était pas certaine d’avoir bien retenu son nom, ni d’avoir bien compris son métier. Une sorte d’ensorceleur, croyait-elle… En tous cas, il avait l’air sûr de lui !
Il était suivi de prêt par une sorte de guerrière naine, Agna. Elle n’était guère causante, comparée aux autres, mais on dit que les nains sont des guerriers talentueux. Si elle en jugeait par la taille de sa hache, celle-ci ne devait pas déroger à la règle.
Le dernier arrivé, peu avant le souper, était un halfelin nommé Shaparn. Son entrée en scène avait causé un peu d’agitation parmi les montures, parce que lui même chevauchait un loup. Heureusement, ce dernier était domestiqué. Shaparn se disait chevalier, et c’est sans doute lui qui accueillit sa demande d’aide avec le plus d’enthousiasme.
Ces six aventuriers ne se connaissaient pas au matin, tout ce qu’ils avaient en commun, c’était une charte les autorisant à explorer et à pacifier la région. Et au terme d’un simple repas servi par Svetlana, ils étaient rassemblés autour du feu, à planifier la manière dont, le lendemain, ils mettraient fin aux agissements honteux des bandits.
Et donc, le lendemain matin, tout le monde était à son poste. C’est Tabea qui, postée sur les anciens remparts du comptoir, signala l’arrivée imminente des bandits. Six hommes, huit chevaux. Comme prévu, après avoir attaché leurs chevaux hors du comptoir, ils entrèrent dans la cour, sûrs d’eux. Oleg avait entassé le butin bien en vue, comme à l’accoutumée. Mais près de celui-ci était assis Yann. Lorsque le chef des bandits, un certain Happs Bydon, lui demanda la raison de sa présence, Yann expliqua qu’il était là pour leur faire renoncer à leur vie de rapines. D’abord rigolard, Happs se ravisa lorsqu’un de ses hommes lui fit remarquer que le nouveau venu ne semblait pas être seul.
Alors que Shaparn venait d’enjoindre les bandits et se rendre et à se repentir, Happs donna l’ordre à ses sbires de reculer « Allez, c’est bon, on se repent et on s’en va… Tout va bien, vous voyez ? ». Mais Yann ne voyait pas les choses de cette façon… « Non vous n’allez nulle part, vous devez êtres jugés, messieurs. »
Les bandits continuaient de reculer, sur leurs gardes. Agna commençait à se dire qu’à ce train, ils finiraient par repartir chez eux comme si rien n’était arrivé ; elle se déplaça pour leur couper la retraite. Yann n’avait de toute façon pas l’intention de laisser partir qui que ce soit et fit un pas en avant, épée en main. La réaction de Bydon fut immédiate ; il décocha une flèche en direction du jeune homme, déclenchant les hostilités. C’était le signal qu’attendait Agna. Sa hache s’abattit dans le thorax d’un des bandits, le mettant hors d’état de fuir. Nathanaël, d’une brève incantation, enflamma un autre bandit. Shaparn lança son loup sur leur chef…
Un instant plus tard, Happs Bydon, coincé sous Longuepatte grognant, ordonnait à ses hommes de baisser les armes. Deux des bandits préférèrent toutefois tenter leur chance en fuyant. Mais Tabea, chantant sur les remparts pour se donner du courage, avait son arbalète en main, et fit mouche sur un des deux. Le malheureux, déjà blessé, se fit ensuite attaquer par un aigle surgi de nulle part – mais mon petit doigt me dit que Benshanrem, le gnome, que l’on a pas vu de tout le combat, n’était pas étranger à son apparition.
Le dernier bandit est rattrapé par Shaparn et son loup quelques instants plus tard. La victoire a été remportée presque sans coup férir !
Après les chaleureux remerciements de Svetlana (et d’Oleg), le petit groupe se met en devoir d’interroger les bandits. Happs se montre plutôt coopératif, même si son langage est parfois grossier. Lui et ses hommes font partie d’une bande plus nombreuse, qui se cache dans la forêt au Sud-Ouest du comptoir. Il dirige le groupe avec une femme nommée Kressle, mais comme tous les bandits de la région, ils ont juré allégeance au Seigneur Cerf, une brute qui a la mainmise sur le banditisme dans la Ceinture Verte.
Bien que relativement coopératifs, ni Happs ni ses hommes ne sont vraiment disposés à trahir leurs compagnons en conduisant les aventuriers à leur camp. Du reste, ils ne semblent pas prêts à se repentir honnêtement, et la question se pose de ce que l’on va faire d’eux. Oleg a une réponse toute trouvée : il est occupé à monter six potences à l’extérieur du comptoir…
La solution apparaîtra dans la soirée : le sergent Kesten Garess rejoint le comptoir, accompagné de trois soldats portant la livrée de la garde de Restov. Ce sont les « renforts » demandés par Oleg et Svetlana il y a plusieurs semaines. Après leur avoir expliqué qu’ils arrivaient un peu tard, on demande au sergent son avis sur le devenir des bandits… Il propose d’envoyer, dès le lendemain, les bandits à Restov sous l’escorte de ses hommes. Ceux-ci n’ont pas l’air enchanté de devoir repartir à peine arrivés, mais dressent néanmoins leurs tentes pour la nuit, dans l’enceinte du comptoir, sans en dire d’avantage. S’ensuit une soirée agréable autour du feu, durant laquelle Tabea enchante l’assemblée de sa voix mélodieuse.
Le lendemain matin, un autre voyageur rejoint le comptoir : Jhod Kavken, un vieux prêtre d’Erastil, qui discutera longtemps avec Shaparn avant que le groupe ne se mette en route. Il a rêvé d’un ancien temple perdu dans la forêt ; il faudrait le retrouver et le libérer du mal qui l’habite, et il aura besoin d’aide pour y parvenir… Shaparn promet de garder les yeux ouverts.
Après un petit-déjeuner copieux, le groupe est prêt à partit vers la forêt. Svetlana aborde Agna pour lui demander de lui rapporter des radis lunaires si elle en trouve. De son côté, Kesten signale au groupe qu’il a un mandat pour un certain Falgrim Sneeg, que l’on soupçonne de se cacher dans la Ceinture Verte pour échapper à la justice. Voilà de quoi occuper leurs journées… Mais l’objectif prioritaire est de retrouver le camp des bandits, avant qu’ils ne réagissent à la disparition de Happs et de son groupe.
Tandis qu’Agna commence à remonter les traces laissées par les chevaux la veille, Benshanrem l’interrompt en lui disant que c’est inutile, puisque ces derniers sont disposés à conduire le groupe au camp. S’ensuit une discussion sur la capacité des gnomes à parler avec les animaux, qui laisse Shaparn dubitatif, surtout après que son loup ait essayé de mordre le gnome qui prétendait discuter avec lui… Le voyage s’annonce divertissant !
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