Tandis qu’Alexio et Bjorn traversent la ville pour rejoindre leurs compagnons, ils entendent un cri : « Au nom de la garde, ne bougez plus ! »… Autour d’eux, tout le monde se fige. Un coup d’œil aux alentours confirme qu’une douzaine de gardes bloquent les différents accès de la petite place où ils se trouvent. Deux d’entre eux s’avancent vers les éclaireurs, armes à la main. Arrivés devant l’Ulfen, ils ordonnent à ce dernier de leur montrer le pendentif qui pend à son cou. Bjorn s’exécute, montrant l’étoile à sept branches. « C’est bien ça, suivez nous au poste, sans faire d’histoire. »
Le sergent Kaddren les conduit effectivement dans une pièce au rez-de-chaussée du poste de garde du quartier. Attiré par le raffut fait par le jeune sous-officier, le commandant des lieux, le lieutenant Licot, ordonne à son subordonné d’aller prendre l’air pendant qu’il s’occupe des prisonniers. Sitôt seul avec eux, il les libère et leur présente ses excuses. Il vient juste de recevoir leur signalement de l’adjoint au maire Krinst, et n’avait pas eu le temps de le communiquer à ses hommes. Il explique que le sergent Kaddren est un jeune homme enthousiaste et avide de faire ses preuves, et qu’en présence d’une personne arborant l’étoile à sept branche, il avait sans doute été un peu vite pour tirer des conclusions…
Alors que le lieutenant s’apprête à laisser repartir les deux hommes, son subordonné rentre dans la pièce, triomphant : il vient annoncer qu’il a obtenu le mandat d’écrou pour les deux dangereux criminels qu’il a capturé un peu plus tôt. Le lieutenant Licot secoue la tête de désespoir. Il ne lui reste plus qu’à se rendre à la Cour de Justice avec les deux éclaireurs pour trouver un juge qui accepte d’annuler le mandat… C’est ainsi qu’ils font la connaissance avec le Juge Roncefer, un demi-elfe aux cheveux grisonnants, visiblement peu intéressé par l’affaire en cours, qui finira par les laisser repartir après leur avoir demandé les raisons de leur présence en ville.
Le lendemain, le groupe se réunit afin d’aller jeter un œil à la maison d’Aldern, située dans un des quartiers les plus cossus de la ville. C’est une petite maison luxueuse à deux étages, avec un jardin à l'arrière ; les fenêtres du rez-de-chaussée sont barricadées et la porte fermée, mais les clefs trouvées sur le corps du propriétaire dans son manoir leur permettent d’entrer sans souci. La maison semble avoir été cambriolée, ou du moins fouillée, puis laissée en l’état durant plusieurs semaines.
Arrivés au dernier étage, les éclaireurs tombent nez-à-nez avec trois jeunes gens à moitié dénudés, vautrés dans le lit et le tapis en peau d’ours. Un peu surpris, ils essaient de se rhabiller en vitesse et de cacher les bouteilles d’alcool à demi vides qui trainent sur le sol… La jeune fille, cachant sa nudité derrière un drap de lit, s’approche d’Alexio avec un sourire aguicheur: « Soyez gentil, monseigneur, ne dites rien à nos parents. Je suis sûr qu’on peut trouver un arrangement ».
A cette instant, le jeune homme le plus proche de Bjorn semble agité de soubresauts ; se jetant sur l’Ulfen, il perd toute forme humaine pour devenir une masse de chair informe, mais pourvue de griffes effilées. Au moment où la transformation s’achève, alors que ses griffes sont plantées dans le corps du templier, il soupire : « Rhaaa, ça fait du bien ! ».
Les trois jeunes squatteurs ne sont donc pas humains. La jeune fille a perdu son air aguicheur. Difficile de lui trouver un air tout court. Est-ce seulement une jeune fille ? Elle retire ses griffes du ventre d’Alexio, et se prépare à frapper à nouveau. Le troisième larron a sorti une épée longue, et a également abandonné son apparence humaine. Un combat compliqué s’engage ; l’espace manque pour se battre dans la pièce encombrée, et le corps élastique des créatures les fait paraître insensibles à la douleur. Raven, Cathlynn et Marcus, qui étaient restés à l’étage inférieur, rejoignent leurs compagnons après quelques passes d’armes, faisant pencher la balance en leur faveur. Bientôt les corps des trois monstres jonchent le sol, mais nul n’est capable de dire quel genre de choses ils étaient.
Une fois la maison sécurisée, les éclaireurs ont tout loisir de la fouiller. Un tiroir secret dans la cheminée de la chambre d’Aldern abritait quelques documents écrits de la main de ce dernier, restés à l’abri des fouilles précédentes. Parmi d’autres choses, l’acte de propriété du Manoir Ganrenard, qui comporte une close disant que ce dernier revient à une société nommée « les Frères des Sept » après 100 ans, soit d’ici une vingtaine d’années. Il y a également un livre de comptes, qui semble sans intérêt sauf pour ses dernières pages : on y trouve un dizaine d’entrées « voyage de Iesha à Absalom » pour lesquels Aldern payait à chaque fois 200 pièces d’or à un certain F7. Une note griffonnée rappelait que la livraison devait avoir lieu à la scierie des sept. Si Iesha était bien morte dans le manoir, il y avait peu de chances qu’elle soit partie en voyage aussi loin…
Les jours suivants sont passés à essayer d’en savoir plus sur la vie d’Aldern à Magnimar et sur les fameux Frères des Sept. En recoupant les informations glanées à l’administration et auprès de la comtesse Ferelnia Ocelonne –la nouvelle meilleure amie de Tyam– ils apprennent que Iesha n’était pas noble, mais « seulement » varisienne, qu’Aldern était le dernier membre connu de la famille Ganrenard à Magnimar, qu’il aimait beaucoup la chasse mais ne s’impliquait guère dans la vie mondaine de sa cité. Ca et d’autres anecdotes de peu d’intérêt. Quant aux frères des Sept, peu de choses… Tout au plus le cadastre de la ville leur permet-il de trouver l’emplacement d’une scierie enregistrée à leur nom.
Entre temps, une nouvelle inquiétante parvient aux oreilles des éclaireurs. Le lieutenant Licot a disparu. Ils pensent d’abord que ce dernier a cru bon de se mettre au vert parce qu’il était impliqué dans l’affaire Aldern et les meurtres des écorcheurs –c’est le nom donné en ville aux assassinats signés de l’étoile à sept branches. Mais une enquête de Tyam dans les quartiers populeux les mène plutôt vers la piste de l’enlèvement. Mais qui est assez fou, ou assez puissant, pour faire enlever un officier de la garde en plein jour, dans son propre quartier ? Un rendez-vous avec le juge Roncefer ne les avancera pas beaucoup. Ce dernier refuse de confier d’avantage de pouvoir à des étrangers, et leur suggère de faire confiance au Sergent Kaddren pour retrouver son supérieur.
Une journée de surveillance de la scierie, seule piste des éclaireurs, ne donne guère de résultats ; l’activité y semble parfaitement normale. En soirée, le groupe se scinde en deux. Certains veulent s’infiltrer dans le lieu à la faveur de la nuit, mais les autres refusent de contourner le système judiciaire de peur de se mettre les autorités à dos. Ces derniers finiront par remporter le débat. Tout le monde passera finalement la nuit dans son lit. Tout le monde ? Pas si sûr…
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