Peu avant midi, un homme nous a rejoint chez Kendra : notre “oncle” Enya. Je ne l’avais jamais vu, mais je sais que père a épousé sa sœur il y a quelques mois… Ils sont tous les deux plus jeunes que moi. C’est bizarre, ça ne lui ressemble pas. J’avais refusé de me rendre aux noces, prétextant une trop grande charge de travail. Enya n’a pas l’air d’être un mauvais bougre, toutefois, et il semble qu’il ait également bien connu Petros, puisqu’il était également cité dans son héritage. Il semblait désolé d’être arrivé trop tard pour l’enterrement : son cheval s’était cassé une patte dans la boue d’un chemin mal entretenu et il avait été contraint de l’abattre et de finir le voyage à pied, sous l’orage. Pauvre homme.
Après avoir effectué quelques courses au village, pour remplacer l’équipement qu’il avait dû abandonner avec son cheval, nous sommes enfin partis visiter la prison. Yvan était parti en éclaireur, et nous l’avons retrouvé à l’intérieur des ruines, dans l’ancienne cour de l’édifice. Quelques mètres devant nous, l’entrée du bâtiment principal, au dessus de laquelle une gargouille manque – celle qui a tué le professeur. A part le bruit de la pluie tout semblait calme, mais mon frère nous dit avoir aperçu du mouvement dans la tour nord-ouest.
Avant d’aller là-bas, nous décidons de fouiller la petite maison en bois au milieu de la cour. Peut-être était-ce l’ancienne habitation du directeur et de son épouse ? Elle était en très mauvais état, et menacait de s’écrouler, mais comme j’insistait, Yvan finit par y rentrer. Il n’était pas dedans depuis 30 secondes qu’un craquement sinistre retentit… Yvan a bondi par la fenêtre juste avant que la maison ne s’écroule sur lui. S’il était resté sous les décombres, je ne me le serais jamais pardonné.
Nous avons essayé de fouiller le tas de planches, aidés par le chien de Gregori, en vain. Nous avons enchainé sur la fouille de la tour ; les mouvements perçus par Yvan étaient en fait ceux d’une nuée de rats que nous avons dérangé en faisant trop de bruit à l’approche de la tour… Enya, qui était le premier, s’est soudain retrouvé aux prises avec une horde de petits rongeurs agressifs que nous avons eu toutes les peines du monde à disperser.
Il ne nous restait plus que le bâtiment principal à explorer. Utiliser l’entrée principale avait été fatal au professeur, Nous décidions donc de choisir un autre chemin, qu’Yvan nous indiquait ; un escalier menant à une terrasse, qui donnait sur le premier étage de la prison. Au milieu de la terrasse, trônait un billot de pierre encore teinté de rouge… C’est ici que l’on exécutait les prisonniers irrécupérables, sans doute. Mais nous n’avons pas eu le loisir de nous poser des questions : une faux, sans doute posée derrière le bloc de pierre, s’éleva dans les airs avant de tournoyer vers nous ; deux bras squelettiques accrochés à son manche pendaient mollement.
Rapidement, il s’avéra que nos armes, mêmes magiques, n’étaient pas capables de détruire la faux animée. Seule Sasha, et ses sorts d’éclat d’acide, l’atteignait réellement. Tandis que Gregori, Enya et Nicolaï contenaient les assauts de l’arme, Yvan tentait d’ouvrir la porte menant à l’intérieur de la prison. De mon côté, après avoir essayé de soigner les blessures causées par la faux, je me suis glissé vers le billot, et ai entrepris de la laver avec de l’eau bénite… En vain, le sang frais semblant réapparaitre au fur et à mesure que la faux entaillait les chairs de mes compagnons. Sans Sasha, je ne sais pas ce que nous aurions fait…
La faux est finalement tombée au sol, rongée par l’acide. La voie était libre vers la prison. Une fois à l’intérieur, j’ai été frappé par le silence absolu et le froid des lieux. Suivant Yvan, nous avons débouché sur des couloirs bordés de cellules. Nous avions fait quelques pas lorsque plusieurs portent s’ouvrirent en même temps. Un groupe de squelettes s’avançait vers nous, tandis que le son lugubre d’un instrument à vent plaintif remplissait la pièce. Bien que les squelettes en eux mêmes ne soient pas une grande menace, quelque chose clochait… Après le combat, j’ai appris que plusieurs de mes compagnons avaient fugacement aperçu la silhouette fantomatique d’un inquiétant joueur de flûte flottant au dessus de la mêlée, et que cette vision les avait glacé d’horreur.
Sur le moment même, c’est Yvan qui apporta la solution : les pièges à fantômes qui avaient été trouvés dans la crypte du cimetière. Il en fallu deux pour emprisonner l’âme du joueur de flûte… Epuisés par ces deux combats, nous décidions de rentrer au village et de continuer l’exploration le lendemain.
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