Profitant du retour de Raven et Cathlynn –à peine rentrés d’une tournée de surveillance des camps gobelins– pour leur expliquer la situation, les Eclaireurs décident de se rendre séance tenante au sanatorium de Habe dans la Lande Cendrée, pour y interroger Grayst Sevilla, seul témoin des meurtres de celui que l’on appelle maintenant à Pointesable l’Ecorcheur.
Le sanatorium est une grosse maison carrée perchée au sommet d’une colline isolée et battue par tous les vents. Erin Habe, son directeur, n’est guère enchanté de voir des inconnus débarquer dans sa propriété. Il est en plein milieu d’une expérience passionnante, et dire que les enquêteurs le dérangent est un euphémisme. Mais profitant d’une porte laissée ouverte par un de ses assistants, les Eclaireurs finissent pas obtenir l’accès à la chambre de Grayst…
Ce dernier est dans un état pitoyable. Engoncé dans sa camisole de force, il susurre une complainte incompréhensible. Il semble incapable de répondre aux questions que pose Tyam, et plus grave, Alexio constate qu’il est atteint de la fièvre des goules… Mais lorsque Bjorn entre dans la pièce, Grayst relève la tête et écarquille les yeux…
« Il l’a dit. Il a dit que vous viendriez me voir. Sa seigneurie. Celui qui m’a transformé ainsi. Il vous a réservé une place. Une place importante. Je suis si jaloux. Il m’a laissé un message pour vous. Il s’est assuré que je m’en souvienne. Pourvu que je n’ai pas oublié. Le maître n’appréciera pas si j’ai oublié. Laissez-moi voir… laissez… moi…voir… Il a dit… que vous deviez rapidement venir à la Hantise, pour rencontrer la Meute, car elle a quelque chose de merveilleux à vous montrer. »
Son discours terminé, il se jette en avant vers l’Ulfen, arrachant les bras de sa camisole… Mais Tyam était sur ses gardes, et lui abat le pommeau de sa dague dans la nuque, juste avant qu’Alexio ne se jette sur lui pour le plaquer au sol… Animé par la démence et la colère, Grayst résiste, refuse de se laisser maîtriser ; Bjorn sera finalement contraint de l’assommer pour qu’il se calme. Reste que ses paroles n’était peut-être pas sibyllines ; La Hantise est le nom d’un vieux manoir abandonné sur la côte, au Sud-Ouest, dont Marcus a déjà entendu parler…
Le groupe décide finalement d’emmener le pauvre homme à Pointesable pour qu’il soit soigné de son affliction. Sitôt en ville, ils le conduisent à la prison de la garnison, pour qu’il ne représente de danger pour personne. Là-bas, ils sont alpagués par le prévôt Ciguë, qui voudrait leur montrer quelqu’un…
Dans un bureau du premier étage, un vieil homme est assis sur une chaise et chante une comptine où il est question d’épouvantails. C’est le vieux Maëster, un fermier de la région. Il est couvert de boue et de sueur et empeste l’alcool bon marché à trois mètres. Il a été arrêté par les gardes quelques heures plus tôt alors qu’il venait d’arriver en courant en ville, alertant les habitants de ses cris de détresse.
Il prétend que rien ne va plus depuis quelques jours dans les fermes du Sud, du côté de Murmebois, que les épouvantails se sont mis à marcher et qu’ils s’attaquent au bétail. En l’interrogeant d’avantage, il ajoute que les fermiers ont compris que le problème venait de la ferme des Hambley, et se sont regroupés pour tenter de régler le problème… Mais que l’expédition a été un fiasco et que le vieux Maëster est le seul à s’en être tiré.
Malgré l’ivresse évidente du bonhomme, Bélor Ciguë pense qu’il y a réellement un problème au Sud, et aimerait que quelqu’un y jette un coup d’œil. Les Eclaireurs décident de ne pas perdre de temps et se mettent aussitôt en route pour les terres agricoles.
La nuit tombe peu avant qu’ils n’arrivent à la ferme des Hambley. Accompagnée de l’épaisse brume humide caractéristique de ce début de printemps, cela donne un aspect de labyrinthe fantomatique aux champs de maïs qui entourent la ferme. Soudain, Tyam pense voir quelque chose bouger… Mais ce n’est qu’un épouvantail, secoué par le vent. Au loin le bruit d’un corbeau qui s’envole en coassant les fait sursauter… Il faut continuer à avancer.
D’autres épouvantails, trois cette fois, semblent garder un croisement au milieu des champs. Mais, quand le groupe s’approche, les épouvantails s’agitent, essaient de se libérer des pieux qui les font tenir debout, et finissent par y parvenir ; arrachant le sac de jute qui recouvre leur tête, ils se jettent sur les éclaireurs…
Des goules… Il s’agit bien de goules. Ils en croiseront ainsi une dizaine, avant de parvenir enfin en vue de la ferme et de l’étable. La plupart déguisées en épouvantails, de pauvres hères mordus et abandonnés à la maladie, exposés comme des épouvantails en attendant de succomber à la fièvre. Mais aussi trois goules errantes, sans doute attirées par le bruit des combats et assez intelligentes pour les prendre à revers alors qu’ils étaient aux prises avec des épouvantails. Plus triste, deux pauvres fermiers, eux aussi attachés dans la même posture grotesque, n’avaient pas encore succombé à la maladie à l’arrivée du groupe… Tout ce qu’ils ont pu leur offrir fut une mort digne, avant d’entrer dans les bâtiments de la ferme, à la recherche de ce qui a pu leur infliger cette torture inhumaine…