Après de longues discussions pour savoir qui plongerait, qui resterait dans la barque et qui regarderait les choses depuis la rive, ce sont finalement Kylian et Orgian qui se préparent à descendre, non sans avoir d’abord ingurgité élixirs de natation et autres potions de respiration aquatique. Malgré la mauvaise visibilité, ils ont la chance de trouver l’épave du navire sans trop de difficulté. Celui-ci est coupé en deux, la proue éclatée contre un des rochers qui tapissent le fond du fleuve.
Après quelques essais infructueux, ils parviennent à forcer la porte de la cabine du capitaine, où flottent entre deux eaux draps et paperasses, mais aussi un cadavre en robes noires, sur lequel ils trouvent un pendentif, qu’ils identifieront plus tard comme un symbole d’Urgathoa, dieu des maladies, et un masque identique à ceux que portent les médecins de la ville… Surprenantes découvertes.
Ils poursuivent leur exploration par les cales, dans lesquelles ils pénètrent par le trou béant qui a brisé la coque en deux. La cargaison qu’ils découvrent les laisse pantois : des dizaines de coffrets identiques à celui trouvé à Fin-de-Piste, certains sont encore fermés mais beaucoup se sont ouverts, et gisent au sol entre les morceaux de rat, les pièces d’argent et celles de cuivre qu’ils contenaient. Mais leurs recherches sont interrompues par l’attaque d’un requin bleu, qui sera bientôt rejoint par une guenaude marine, apparemment fort courroucée de découvrir des intrus fouillant son domaine.
C’est un combat difficile qui s’engage, les deux hommes étant peu habitués aux subtilités du combat sous marin, contrairement à leurs adversaires. Quelques coups de lance bien placés ont cependant rapidement raison du requin… Qui est presque aussitôt remplacé par son petit frère, invoqué par la sorcière. Kylian concentre alors toute son énergie à abattre cette dernière, et avec le soutien du barde, parvient à la pousser à rompre le combat. Alors qu’elle leur tourne le dos pour prendre la fuite, un dernier coup de lance l’immobilise définitivement. Il était temps que le combat se termine : l’eau est rouge de sang et les deux plongeurs ne sont guère fringants.
Le temps de reprendre quelque peu leur souffle, ils continuent l’exploration des cales ; la principale découverte qu’ils font est un coffre-fort en ébénite, fermé hermétiquement, perdu au milieu d’une multitudes de tonneaux et de paperasses flottant paresseusement dans les flots obscurs…
Il ne leur reste qu’à jeter un œil à la proue avant de remonter. Ils y découvriront le nom du bateau : l’Ecumeur, mais s’abstiendront de fouiller l’endroit, défendu par une famille d’anguilles du fleuve de taille respectable. Après avoir attaché leurs différentes trouvailles aux cordes qui les relient à la barque, ils donnent le signal de remontée.
Avec deux cadavres sur les bras –la guenaude et l’homme habillé de noir– ils estiment préférable de débarquer loin de la ville, à Fin-de-Piste, où des amis de la famille Soldado leur suggèrent de s’installer dans un hangar à l’écart, pour avoir la paix. Après avoir demandé au caporal de la Compagnie du Sable qui les accompagnait d’aller prendre une bière à leur santé avant d’aller faire son rapport à ses supérieurs, ils font quérir Ishani Dhatri au temple d’Abadar, en lui demandant de préparer un sort de communication avec les morts.
Ils ne perdent pas de temps en l’attendant… Pendant que Silas dépiaute le requin en vue de l’assaisonner aux prochains repas, Kresh parvient à identifier les capacités magiques du masque de médecin : celui-ci immunise au voile de sang et cache l’alignement de son porteur. Les théories commencent à se former lorsque Phellix Crædilla, prêtre de Pharasma, se présente à la porte du hangar. Il a été envoyé par ses supérieurs à la demande du clergé d’Abadar, et se met à leur disposition pour interroger le cadavre.
Trois question plus tard, le cadavre leur a appris qu’il était chargé de conduire le navire jusqu’au port de Korvosa, qu’il travaillait avec ou pour le culte d’Urgathoa et les Mantes Rouges, et que le seul nom qu’il connaisse est celui de Dame Andaisin, grande prêtre du culte de la pestilence. Plus que le reste, c’est l’implication de la fameuse secte d’assassins qui inquiète le groupe… Car si les mantes ont mis leurs moyens immenses et leur talent pour la mort au service d’un complot contre la ville, celle-ci court véritablement un grave danger.
Les éléments en leur possession les laissent penser que l’ordre des médecins est, au mieux, noyauté par le culte d’Urgathoa. Quant aux Mantes Rouges, elles ont sans doute un lien avec les Vierges Grises, même s’ils n’arrivent pas à définir lequel. Reste à savoir qui tire les ficelles : la reine, un de ses proches ou encore quelqu’un d’autre, resté hors d’atteinte depuis le début ? Quant aux documents codés récupérés dans le coffre-fort, Yori pense pouvoir les décrypter, mais cela lui prendra peut-être quelques jours.
La nuit étant tombée entre temps, le groupe se décide à repartir vers la tour de la Compagnie du Sable, pour y faire leur rapport sur les découvertes de la journée. Ils se permettent un petit détour jusqu’à l’académie d’Orisini, mais ce dernier semble absent.
A la Grande Tour, l’officier de garde, après avoir écouté un moment les conclusions de Brecht et de ses compagnons, décide de faire réveiller l’amiral Marcus Endrin, afin qu’il soit mis au courant des dernières découvertes concernant la maladie en ville.
L’amiral partage les craintes du groupe. Il est convaincu que quelqu’un œuvre à la perte de la ville et met en place des manœuvres politiques complexes pour parvenir à ses fins. Il se dit incapable de les aider de manière légale, les médecins de la reine et la Vierges Grises étant au-delà de sa juridiction. Il est toutefois prêt à s’arranger pour que ses hommes ne patrouillent pas à certains endroits, et surtout à les soutenir si ils veulent rendre publiques les preuves qu’ils trouveront sur les médecins… Il les prévient toutefois que sa position politique est actuellement fragilisée par l’absence du Sénéchal, que certains le soupçonnent d’avoir fait disparaître à son avantage… Rumeurs qui le chagrinent au plus au point, vu son attachement à celui qu’il considère comme son mentor. Au cours de la conversation, il leur remettra l’adresse de l’hôpital de campagne des médecins de la Reine, puis finira par prendre congé, non sans leur suggérer d’aller se reposer eux aussi, pour avoir les idées claires le lendemain.
A leur retour à la taverne, Grenna, une vieille amie d’Orgian, les attend devant la porte. Elle est accompagnée d’une jeune varisienne en larmes…